Visite du jardin d'eau et de poésie

Juste après la fête des plantes de la Feuillerie, nous nous somme hâtés pour reprendre la route, non pas pour replanter notre butin mais pour partir à la rencontre d'un jardin à découvrir ... et quel jardin. Le jardin d'un poète, le jardin d'un clameur de mot, le jardin de Gérard Guiot.

Encore dans nos pensées des si fortes émotions de la journée, nous suivons l'autoroute. Juste à la sortie, nous rentrons dans un autre monde, celui des Flandres. Et oui le Nord est un département riche de ses différences, ses territoires sont emprunts de son histoire mouvementée aux fronts des attaques et des invasions mais aussi carrefour du commerce et des tisserands.

La Flandre est un territoire fort différent du Hainaut, du Cambrésis et de l'Avesnois et nous sommes en train d'y pénétrer pas à pas ... Passage devant une houblonnière, les cafés ici sont des estaminets et les panneaux sont traduits en flamand.

Première bourgade, c'est la ducasse. Manèges et forains s'habillent de lumières et de couleurs rivalisant avec la gaieté et les sourires des habitants prêts à faire la fête

Traversé sans encombre non sans ralentissement, cette fois nous croisons 2 moulins à vent tout en bois à quelques mètres de là ...

Puis un mont, dans ce plat pays ça dénote, et la route ne le contourne pas, elle l'arpente ... comme un lasso entrelacé elle essaye de le domestiquer mais il n'en est rien ... à mi hauteur obligé de rétrograder, c'est de plus en plus enlacé, on a l'impression de suivre les empruntes digitales d'une main ... la route devient pavée, complètement pavée ... la voiture rentre en résonance tressautant sur les grès carrés au fur et à mesure de notre montée ... vers quel chant vibratoire va t'on se retrouver?

Puis tout en haut de ce mont, la ville et la belle place de Cassel. Fière de ses beaux bâtiments est en habit de fête car c'est noce aujourd'hui en ce samedi, de nombreuses voitures sont habillées de tulle blanc.

Ça y est nous sommes presque arrivés, et on redescend. Passage devant l'entrée d'un jardin remarquable celui du Mont des Recollets mais nous ne sommes pas là pour ça ... encore quelques centaines de mètres en contrebas.

Ça y est ... moment de fébrilité, nous sommes arrivés ... beaucoup de monde s'est déplacé ... le parking est saturé, nous abandonnons notre voiture le long d'un champ de blé.

Aaah mais je ne vous ai pas dit pourquoi nous venions ici ... Parce que c'est la fête pardi. J'ai eu la chance de rencontrer Gérard Guiot à l'assemblée générale de l'association Jardins-passions en début d'année. Ça a de suite accroché. Nous nous sommes revus à Genech et à Locon, là bas avec Cécile ça a tout de suite été également conquise.

Gérard est plus qu'un jardinier, c'est un poète, c'est un clameur de mot. Ses mots résonnent à travers le jardin comme une mélodie d'oiseaux mais ici pas de parade nuptiale dans le vert mais des vers qui évoquent, qui résonnent, qui inspirent et qui révèlent.

La visite de son jardin se fait avec son troubadour des temps modernes et a pour dénominateur commun ... l'eau ... l'eau, la vie, le miroir de l'âme.

Allez on rentre dans la cour déjà bien remplie de nombreuses voitures venues pour cette porte ouverte.

On rejoint vite le groupe de l'autre côté de la dépendance. Les habits multicolores sont de la partie comme les drapeaux de la ducasse voisine.

Car oui c'est un jour spécial aujourd'hui ... tous les ans Gérard creuse la terre pour former un nouveau bassin, une pièce d'eau ... elle est le fil conducteur de son jardin. Et en ce jour c'est l'inauguration de sa grande cascade qui clapote sur le versant de son immense jardin.

Les courbes sinueuses sont parfaitement intégrées aux courbes de ce vallon sinueux ... comme une caresse sur un corps galbé, comme un air de musique nous entourant et nous envoûtant.

Le clapotis de l'eau s'accorde parfaitement aux chants des oiseaux, la vie est là, la vie revit.

Tantôt tout en haut l'eau crépite, l'eau éclabousse, l'eau nait de sa source ... elle est un enfant turbulant découvrant sa route à suivre bien cocooné par la végétation qui lui a été offerte comme accompagnant.

Il y a des étapes à sa vie, des cascades le font sautiller au travers de nouvelles expériences.

Puis le lit sinueux est plus calme, plus posé, plus ancré dans la nature, dans sa propre nature et le cours d'eau se recueille dans la mare paisible en contre-bas.

C'est un plaisir d'assister à ce spectacle ... l'eau apporte tellement à un jardin, à la vie ... ce sont souvent les choses les plus simples et accessibles qui sont les plus importantes.

L'eau de cette cascade c'est aussi un miroir ... reflets stellaires, gouffres où s'enlisent nos pensées enfouies...

Gérard nous clame à tous un poème en l'honneur du Frêne, noble arbre compagnon qui l'a quitté trop tôt et replanté aussitôt ... car oui Gérard est un poète engagé, clamant à corps et à cri de respecter la nature et la vie ... contre l'épandage à tout-va des produits phytosanitaires ... son combat se fait par la rime, ses mots et son espièglerie ses armes.

Nous avançons un peu plus loin 2 grands bassins communiquent entre eux. Le premier est un lagunage à l'eau claire et peu profonde ou foisonne la vie avec tétards et petits poissons entouré de joncs et plantes de berges. L'équilibre est parfait ... la nature a repris ses droits sans excès

Un immense bassin en contre-bas bien plus profond offre une eau chaude grâce à son exposition ensoleillée et Gérard nous annonce 17°C ... une superbe piscine écologique avec une vue imprenable sur le Mont Cassel ... une petite tête dans l'eau, ça vous tente ... ici pas de chlore ni de traitements ... de l'eau, de la vie, tout simplement.

Remontons un peu plus haut près de la belle demeure flamande ... et là encore une monumentale pièce d'eau entourée d'arbres où la vie est paisible et si calme.

On continue le tour de la maison avec un charmant coin avec des carrés potagers, des fruitiers en fleurs et une cascade symbolisant les étapes de la vie nous confia t-il plus tard. J'ai adoré.

Retournons vers la belle demeure ... rapprochons nous de cette belle pièce d'eau ... miroir de nos songes ... c'est si paisible ... l'eau réchauffée par les rayons du soleil rasant donne un relief surprenant ... la moiteur de cette journée (ou est ce l'émotion) nous donnerait l'illusion que des elfes ou des trolls pourraient surgir au détour d'un tronc d'arbre ... ou pourquoi pas même La Dame du Lac sortirait doucement de ces eaux dans une brume moite endormie.

Un coup d'oeil sur la fenêtre du salon me surprend ... il n'y a pas de reflet, ce miroir parfait nous montre un parfait tapis d'herbe planté de troncs mais pas ma silhouette ... parfait trompe l'oeil, une vue traversante permet d'admirer l'autre côté du jardin. On ne peut qu'être saisi ... notre reflet ayant disparu, sommes nous toujours ici? Est ce illusion ? Suis je comme La Dame du Lac juste une âme errante dans ce jardin à l'orée de ma vie ?

Il a fallu qu'un autre visiteur passe dans cette partie du jardin de l'autre côté de la fenêtre pour reprendre mes esprits.

Mais voilà Gérard qui nous rejoint, c'est l'heure du spectacle. A l'occasion de l'inauguration de la cascade, une scène ouverte est organisée dans la grange. Et quel grange, un superbe bâtiment a été transformé en scène de spectacle avec estrade et assises sur bottes de paille ... l'impression de partir dans un retour au vrai, au sincère et aux dimensions humaines ... ici les strass et les dorures ne servent à rien ... c'est de l'authenticité dont on a besoin.

Cornemuses, conteurs, poètes et chanteurs se relayent et se donnent la réplique pour des textes engagés, drôles, intrigants.

On est sans voix. J'avoue que je n'ai jamais assisté à une pièce de théâtre, un concert ... les artistes de rue et la musique ... je n'accroche pas ... mais là nous sommes rentré dans un univers ... bouleversé, entraîné, captivé.

A la sortie, nous en sommes tellement surpris et déboussolé ... ah oui ... on aime ça ... bah on savait pas ... mais comment on a pu faire sans avant ?

Il est temps de repartir, Gérard invite tout le monde pour une "auberge espagnole" mais il est temps de reprendre la route.

Pour tout ceux qui se disent qu'un jardin c'est uniquement des massifs de fleurs et de la géométrie ... un musée figé dans le temps ... vous passez à côté du plus important ... le vrai ... la vie.

C'est sur que vous pourrez trouver plus de fleurs et de couleurs ailleurs mais le dépouillement ne met que plus en valeur ce qui s'offre à nos yeux.

Mais le jardin de Gérard c'est aussi des vues ouvertes sur un superbe paysage à couper le souffle.

C'est un jardin plein de vie ou de nombreux oiseaux concourent aux chants les plus mélodieux mais pas que ...

C'est aussi une demeure de charme au cachet incroyable.

De toute part dans son jardin des vues, des objets teintés d'authenticité, ... ici c'est le Vrai et l'authenticité.

Alors ... venez, venez voir ... venez entendre ... restez grand ouvert à un jardin initiatique, à un jardin ouvert sur de nouvelles expériences, un jardin où l'on s’exclame et où les rimes se mêlent aux chants d'oiseaux.

Vous trouverez dans le lien ci dessous une vidéo de notre hôte jardinier

Mais aussi sur son site internet ici , dans les manifestations Jardins-passions auquel il participe, dans des animations et évidemment dans son jardin.

La prochaine "Scène ouverte" aura lieu le samedi 13 juin à 18 heures ... n'hésitez pas ... nous n'avons pas regretté du tout les quelques 140km qui nous éloignent ... et même j'en suis sur, nous y reviendrons.

Merci à Gérard pour son accueil, pour ce qu'il est, pour son action.

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