Un de mes grands plaisir, je l'avoue, le bouturage ... encore plus que pour le semis, j'aime jouer à l'apprenti chirurgien de la nature et donner vie à un rameau pour redonner une nouvelle plante saine et la partager avec nos amis. Ca a quelque chose de magique, ça a démarré petit avec le miracle d'un bouquet de Forsythia prenant racine dans le vase. Puis une grande tante pendant les grandes vacances qui multipliait ses géraniums ... si ce n'est pas la magie, dites moi ce que c'est.
Plus tard ado, je bouturais tout: vivaces, arbustes, rosiers, tout ce qui me passait sous la main ... bilan une vraie pépinière au fond du jardin de mes parents mais qui ne servait à rien ... pas de candidat à l'adoption pour les plants.
Il me reste aujourd'hui uniquement le premier rosier bouturé dans la pâture en face de chez mes parents, un 'American Pillar' survivant d'un jardin potager détruit à la guerre.
Enfin bref, j'adore les boutures estivales. Oui ... mais ... j'ai la chance d'avoir 2 grandes serres chassis pour les semis printaniers mais il y fait beaucoup trop chaud l'été... il faut de l'ombre et de la fraicheur.
L'année dernière nous avions déniché sur une annonce internet 10 plaques de verre (négocié 40€) provenant d'un stand de fromagerie. J'avais une petite idée dans la tête...
La visite à Chaumont sur Loire (je vous en parlerai un peu plus tard) avec un collègue nous a fait rêver devant la serre aux Nénuphars Victorias. Il a pris contact avec le concepteur de cette serre de son côté et du mien je gamberge, je réfléchi.
Ce qu'il me faudrait c'est un châssis, à l'ombre pour l'été, pour protéger les jeunes plantules du soleil dans une jolie ambiance cocooné.
En premier lieu j'avais pensé faire le châssis sur toute la longueur du potager mais j'ai un nouveau et autre projet pour cet endroit, inspiré aussi de Chaumont mais je vous en reparlerai.
J'ai toujours été fasciné sur les serres adossées aux murs comme au jardin du Point du Jour
Ou comme à Courson:
Evidemment je n'ai et n'aurai jamais le budget ni la taille du jardin pour les intégrer au jardin mais cette forme adossée arrondie m'attire.
La visite de Philippe, Monique, Gérard et Marie mardi m'a donné des ailes, juste après avoir visionné un reportage télé sur France 5 évoquant la serre aux Victorias en Angleterre ... c'est décidé je m'y met, c'est lancé.
Cécile a toujours entretenu à elle seule un coin du jardin le long d'une dépendance correspondant à l'ancienne cave qui servait à l'affinage du Maroilles. Cette partie à l'ombre est remplie de caillasse et n'a que 10cm de terre travaillable. Elle y planta ses coups de coeur qui ne trouvaient pas toujours grâce à mes yeux: graminées, phloxs, muguet, ancolie, achillée, digitale ... bon le soucis ... c'est que malgré la terre immonde et la luminosité exécrable, elle excellait (ne lui dites pas).
Néanmoins ce coin plutôt printanier se faisait vite envahir par les Phalaris et herbes au goûteux. Elle accepte de le sacrifier si je réintègre ses plantes dans les autres massifs.
C'est un endroit idéal pour moi: pas de soleil direct sauf 1 heure le matin. Protégé des vents froid par le mur et possibilité de réchauffer l'air par la buse du sèche linge à ce niveau du mur.
En plus cela fera un joli clin d'oeil entre les vitres de fromagerie et le mur de la cave d'affinage de Maroilles.
C'est décidé donc mercredi matin, nous partons chez le marchand de matériaux du coin.
Achat de Bastaings, de tasseau, de visserie et c'est partit pour l'aventure.
En début d'après midi, il faut donc déménager toutes les plantes. Ce n'est certes pas la saison idéale pour déménager pivoines, dicentras et autres mais la terre reste toujours humide ici en profondeur dans notre marécage. Seul le fenouil pourpre sera sacrifié mais il y en a d'autres au jardin.
On détricote sur toutes les mottes l'herbe au goutteux ... Pas facile d'avoir de belles mottes dans de la caillasse, je fais donc levier avec la fourche.
Voilà la terre est nettoyée, il restera forcément quelques racines d'adventices mais je bâcherai par la suite.
Allez c'est parti.
Tout d'abord je place les bastaing qui font la longueur à l'avant. Je dispose d'une longueur de 7m50, j'ai donc acheté directement 2 bastaing de 4m et 2 de 3m50 pour ne pas faire de découpe. Ils sont doublés en hauteur pour laisser de la hauteur aux plantes à l'intérieur étant donné qu'elles seront en pot.
Le bois est vrillé, il faut ruser pour que la longueur ne soit pas voilée mais bon.
Les bastaings sont fixés l'un à l'autre par de longs clous de charpentier mais il n'y en avait pas d'assez longs au magasin. Je pré-fore à mi-profondeur le bastaing du dessus et j'enfonce le clou via un "chasse-clou" fait maison.
Maintenant place aux côtés (un peu moins de 80cm) avec la découpe de 2 autres bastaings.
Une petite découpe pour le tuyau de la machine à laver.
Je place un tasseau, découpé chez le marchand de matériaux, directement sur le mur avec des chevilles à frapper. Rapide et efficace, ça tient bien.
Par contre à ce moment là, moment de stress ... lancé par ma fougue légendaire, j'ai pris toutes les côtes pour le bois, la quantité suffisante de plaques de verre, mais ... je n'ai pas vérifié que 7m50 tombe pile poil sur un multiple des plaques ... boulette ... on mesure ... on prend la calculette ... résultat ... à 1cm c'est pile poil ça ... ouf !
Il me reste donc à obturer la forme arrondie aux extrémités. 1 nouveau bastaing est nécessaire, je fais un gabarit pour dessiner la forme de l'arrondi.
cette section arrondie n'est pas fixée sur les 2 premiers bastaings du dessous comme ça je peux les retirer pour l'aération. Je rajouterai par la suite une poignée pour faciliter la prise en main.
Et voilà le résultat ... ce n'est pas digne d'un château mais ça s’intègre bien au jardin je trouve.
Quelques semaines après, j'installe de quoi maintenir les vitres ouvertes afin d'aérer et de faciliter l'entretien des plantes.
Pour cela j'ai acheté un crochet arrondi par vitre qui seront fixés sur des chevilles de 10mm
Une bobine de 10m de sangle Sandow noire (c'est le cable qui sert à faire des tendeurs) avec une attache (vendue séparément).
Il n'y a plus qu'à nouer solidement le Sandow en réglant la tension.
verres: 40€ les 10 (il m'en reste 4 en plus)
Bastaing et visserie de la base: 150€ environ
Visserie et Sandow pour maintenir ouvert: 15€
Temps de réalisation (sans nettoyage du sol et déplantation): max 3 heures
7m50 de long
80cm de large
35 cm de hauteur à l'avant et 62cm à l'arrière
j'aurais pu jouer la hauteur en montant une structure fixe de la hauteur du mur et faire des portes en plexiglas ou polycarbonate pour accéder à des étagères. La place aurait été optimisée mais la gestion de l'arrosage et l'esthétisme aurait été moins top.
Et oui ce n'est pas forcément évident de dénicher ces vitres mais il est plus courant de trouver de vieilles fenêtres ou mieux porte-fenêtre en verre encadré de bois et de les recycler sur le même principe. Dans la forme 1/4 de cercle, essayez de trouver des parois de cabines de douches.
Bon je vous laisse, j'ai des boutures à faire ;-)